mercredi 1 avril 2009

Socialisation, habituation et jeux

Socialisation, habituation et jeux

Bouvier : Socialisation, habituation et jeuxDès la troisième semaine de vie du chiot, débute la phase de socialisation durant laquelle s’établit son « homéostasie sensorielle », c’est-à-dire sa capacité à « rester le même », à demeurer stable et sans réaction émotionnelle excessive en présence de stimuli.

C’est également à cette période que commence à s’organiser les relations sociales du chiot, avec des membres de son espèce autant qu’avec ceux d’autres espèces, par exemple la nôtre (il va de soi néanmoins que des contacts avec les humains ont eu lieu dès la naissance).

Une fois la 4ème-5ème semaine atteinte, tous les sens du chiot sont fonctionnels et son comportement exploratoire en train de s’intensifier. Dès cette période, des moments de jeux, de découverte d’objets et d’interactions avec les humains doivent être organisés.

A cet effet, nous mettons en place à l’élevage, à l’intérieur comme à l’extérieur, des petits « parcs d’éveil » pour chiots dans lesquels les chiots jouent. Dans ces « parcs d’éveil sensoriel », et en présence d’adultes ou d’enfants avertis, les chiots sont exposés de manière progressive à différents stimuli, à des situations inhabituelles, à des objets incongrus, à des personnes à l’allure étonnante.

Pour être réussies, ces expositions doivent respecter 4 règles d’or :

1) Les expositions doivent être réfléchies et construites. En effet, à la quantité, il faut préférer la qualité des expériences – celle-ci étant la base d’une socialisation réussie.

2) Elles doivent être progressives. Rien ne sert de vouloir aller trop vite ! Un stimulus, pour être intégré dans le « référentiel émotionnel » du chiot, doit être présenté à une intensité qui n’engendre pas de crainte chez le chiot. Par ailleurs, nous affirmons que, lors de l’exposition, le chiot gagne tout à être soutenu de façon dynamique par l’être humain qui organise les jeux et l’expérience.

3) Les expériences doivent être positives ou réussies. Le chiot, d’excité qu’il était au départ face à un objet, y est devenu quasi indifférent ; le cas échéant, le recul a laissé la place à la curiosité (ce qui est d’autant plus aisé qu’un être humain accompagne le chiot dans son exposition).

4) Les expositions à des situations inhabituelles doivent être fréquentes. Quotidiennes, bien sûr, et réalisées par différents types de personnes (homme, femme, enfant présentant diverses allures, couleurs, manière de se comporter, etc.)

Dans ces expositions, on notera encore que les différents sens sont concernés : l’ouïe, le toucher, la vue. La diversité des lieux suscitera l’odorat. Les expériences doivent être enrichies progressivement.

En présence d’enfants parti prenants dans ces expériences de stimulation et de socialisation, nous aimons aussi simplement assister aux jeux spontanés des chiots : jeux de course-poursuite, jeux moteurs, jeux exploratoires.

Généralement, on lit dans la littérature scientifique que les jeux ont pour fonction de contribuer au bon développement de l’organisme, à son ajustement au monde environnant, ainsi qu’à l’exercice de son répertoire vocal et comportemental. Il nous semble que ces jeux échappent pour une bonne part à cette approche « fonctionnaliste ».

Tout se passe comme si le jeu n’apportait pas à l’animal quelque chose d’essentiel ou d’indispensable à sa survie ; pour assurer celle-ci, d’autres voies, d’autres mécanismes, sont mis en place, autrement plus efficaces ! Si le jeu contribue par conséquent à façonner l’adaptation du chiot à son environnement, il le fait en apportant un « excédent », un « plus », un « extra » (Cf. S. JACOB & T. POWER, 2006, p. 130).

Par conséquent, on pourrait dire que le jeu introduit de l’aisance dans les ajustements de l’animal familier avec son milieu, rendant ceux-ci incomparables à l’ajustement d’une clé dans une serrure. Cette aisance est notamment lisible dans l’entrain avec lequel les chiots jouent, dans la soudaineté avec laquelle le jeu démarre, repart ou s’arrête, dans l’absence de finalité identifiable, etc.

Par le jeu, les chiots témoignent ainsi de leur capacité, non seulement à s’adapter, mais aussi à créer de l’inattendu et à frôler l’imprévisible, l’incontrôlable.

Dr B. de Villers


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